Les noctambules ont assisté en direct à la plus grosse sensation tennistique de l'année. Les autres, sans doute les plus nombreux, ont découvert au réveil que Rafael Nadal avait été battu à Montréal par un jeune Canadien de 18 ans. Ce vendredi matin, tout le monde focalise sur la défaite de l'Espagnol. C'est légitime. Parce que Nadal est Nadal, et parce qu'il était à deux petites victoires d'un retour tonitruant à la première place mondiale, sa défaite est un évènement. Mais l'identité de son bourreau ne l'est pas moins.
A très court terme, et dans l'optique de la course à la place de numéro un mondial, qui tendait les bras à Nadal dès Montréal, il importe peu de savoir qui l'a privé de ce plaisir-là. Mais si l'on se place à plus longue échéance, la victoire de Denis Shapovalov offre un impact plus important que la défaite du Majorquin. Parce que, dans le contexte actuel, qui fait tant la part belle aux trentenaires, voir un gamin de 18 ans et trois mois accomplir ce que Shapovalov vient d'accomplir, c'est une sacrée bonne nouvelle.
Dire cela, ce n'est pas manquer de respect ni à Rafael Nadal, ni aux (plus ou moins) papys du circuit. Il n'y a rien de contradictoire à savourer le retour au premier plan de "Rafa et Rodgeur" tout comme l'émergence d'un Shapovalov ou la confirmation du talent d'un Zverev. Le tennis a toujours besoin de Nadal, comme il a besoin de Federer, de Djokovic et des autres. Mais tout le monde se demande, à juste titre, à quoi ressemblera le tennis masculin quand tous ceux-là quitteront la scène, ce qui finira bien par arriver.
En ce sens, 2017 restera probablement comme l'année de tous les paradoxes. L'année où, pour la première fois depuis la création du classement ATP, le Top 5 a été trusté intégralement par des joueurs ayant atteint le cap de la trentaine. L'année du retour au premier plan inattendu, au moins dans ces proportions, de Nadal et Federer. Nous voilà revenus presque dix années en arrière, avant l'émergence de Djokovic et Murray, quand ces deux-là ne laissaient que des miettes à la concurrence. Mais la satisfaction, c'est de voir que ces miettes-là, les jeunes se jettent dessus.
Oui, il se passe quelque chose. Depuis quelques mois, on revoit des joueurs de 20 ans gagner des tournois. C'était du jamais-vu dans les années 2010. Alexander Zverev a remporté un Masters 1000 (le seul grand titre qui, pour l'heure, a échappé au duo Nadal-Federer cette saison). L'Allemand sera probablement rapidement dans le Top 5. Dominic Thiem, certes un peu plus âgé, pourrait rapidement y prendre place lui aussi. Le coup d'éclat de Denis Shapovalov offre un autre indice de ce frémissement de la jeunesse. Plus important peut-être encore, car il provient d'un joueur de 18 ans, pas 20. Or, deux ans, à cet âge, c'est énorme.
J'étais très intrigué de voir Shapovalov à l'œuvre contre Nadal. En battant Nick Kyrgios l'an dernier à Toronto, et Juan Martin Del Potro à Montréal plus tôt cette semaine, il avait montré ce qu'il avait dans le ventre. Il aime les grands noms, les grandes scènes, les grands combats. Mais Nadal, cela semblait trop haut, trop gros, trop tôt. A croire que "Shapo" va encore plus vite qu'on ne l'imaginait. Sa victoire me fait un peu penser à celle de Richard Gasquet contre Roger Federer en 2005, à Monte-Carlo. Le Français était un poil moins gamin (18 ans et 10 mois contre 18 ans et 3 mois), mais le parallèle est tentant : Masters 1000, un match "à domicile", une victoire 7-6 au troisième et, évidemment, un grand nom en face.
Maintenant, tout va devenir plus compliqué pour Denis Shapovalov. A très court terme d'abord. Vendredi, il va affronter un gaucher, mais ce sera à peu près le seul point commun avec son match de la veille. Il vient de se payer Del Potro et Nadal, et voilà qu'il va trouver sur sa route Adrian Mannarino et les gens vont attendre de lui qu'il gagne. Ce ne sera pas simple à gérer et intéressant à suivre. Dans les semaines, les mois et les années à venir, ce ne sera pas plus évident.
Désormais vieux sage, Rafael Nadal a tout résumé après leur match : "J'ai été dans cette situation. Je ne vois pas pourquoi on devrait craquer à 18 ans, bien au contraire c'est beaucoup plus facile de ne pas craquer à 18 ans qu'à 30 ans. Il n'avait rien à perdre car il était gagnant à tous les coups. S'il perdait en deux sets, il avait déjà fait un bon tournoi et s'il gagnait, il était extraordinaire. Il a gagné, il est extraordinaire."
Denis Shapovalov gagnera 15 tournois du Grand Chelem ou il n'en gagnera aucun, personne n'en sait rien. Jeudi soir, il ne s'est rien offert d'autre un immense moment de bonheur, forcément éphémère, et une promesse pour l'avenir. Pour lui comme pour nous, c'est déjà énorme.
Sauf blessure, a minima, j'ai quand même du mal à ne pas voir en lui un futur Top 10. Trop de talent et de tempérament pour cela. Il sera autour du Top 100, au minimum, dès lundi. Et peut-être même aux alentours de la 60e place s'il va en demi-finale. Heureux tennis canadien (nous vous en avions parlé ici au tout début de l'année...), car Felix Auger-Aliassime, 17 ans depuis trois jours, affiche un potentiel plus exorbitant encore. Le jeune Québécois, blessé au poignet, doit bouillir de ne pas avoir pu jouer à Montréal.
Sacrée tempête générationnelle en tout cas que cette saison cul-par-dessus tête, où un homme de 36 ans s'apprête peut-être à reprendre le pouvoir et un autre de 18, qui pourrait être son fils, signe un des exploits de l'année. Respecter l'histoire, savourer le présent, y compris quand il semble étirer le passé récent, et saliver en regardant l'avenir. Il y a un peu de tout ça dans cette cuvée 2017, entre renaissances et naissances. Pour ce maelström temporel, il n'est pas impossible qu'elle demeure comme un vrai point de fixation. Où Retour vers le futur aura côtoyé Les promesses de l'aube...
je vois Zverev finir N°3 et pas top 5 seulement
je vois plusieurs (plus de 50% pour l'instant il n'y a eu que Rome !!!) des 6 tournois majeurs restant échapper aux 2 big4 N°1 et 2 à la Race, mais surtout je l'espère ;)
je vois pas Thiem super performant en dehors de TB pendant encore un certian temps, va-t-il se spécialiser comme Nadal ?
malgré la défaite de Nadal je le vois terminer N°1 devant Fed
si Fed gagne l'USO et un autre M1000, on pourra conclure à une anomalie et un manque de relève malgré tout le respect du au maestro, donc une année 2017 fort toute très décevante pour la relève avec les méformes des cadors comme Murray, Djokovic, Waw, Nishi....les autres auraient du en profiter avec le papy de 36 ans
Djoko diminué reste top 5 à top 8 (et le serait resté s'il avait continué) c'est anormal
Murray blessé bat Fognini pourtant en forme à Wimbly c'est pas normal
oui Kyrgios quel gâchis on est d'accord et vu son age je le vois plus trop changer même s'il restera toujours capable de battre n'importe qui mais jamais régulier assez sur un tournoi.
La fin de saison 2017 pourrait encore etre sauvée si Zverev nous offre de superbes 1/2 ou finales contre Fed ou Nadal qu'il gagnera j'espère (pour le renouveau) cette fois-ci en M1000 + USO + Masters.
ah je vois t'as pas l'air de croire en Zverev, n'oublies pas qu'il a franchi la 1ere semaine d'un GC à Wimbly pour une fois, il lui manque une grosse victoire référence pour passer un cap psychologique je crois. Sa finale gagnée contre Djoko à Rome n'a pas provoqué le déclic bizaremment sans doute parce qu'il n'y a pas vraiment eu de match.
donc c'est bien signe que Shapovalov est prometteur car à mon avis il a battu le N°1 mondial fin 2017
j'ai vu la vidéo de Nadal qui parle de la pire de ses défaites....dans ce cas j'ai du mal à croire qu'il a bien joué même si parfois on fait des déclarations à contresens sous le coup de l'émotion, sauf que c'est pas trop le genre de Nadal assez lucide en général
C'est louable pour le tennis en général que certains joueurs parviennent à tirer avantage de ces baisses de régime des cadors, ce qu'on pourrait regretter c'est que cela nous prive d'une finale de très haut niveau dont Nadal aurait été garant comme assez souvent.